Les proches soignants trouvent de l’embauche auprès de l’aide et des soins à domicile (ASAD)
Seules quelques rares organisations d’ASAD offrent aux proches soignants la possibilité de se faire embaucher. L’organisation SPITEX RegionKöniz en est une. Depuis le mois de novembre dernier, elle engage des proches soignants qui peuvent justifier d’une formation de soignant-e.
Dans le cadre du projet « Hand in Hand » (main dans la main), SPITEX RegionKöniz propose aux proches soignants différentes possibilités de décharge. Elle leur offre des bons pour des demi-journées de congé, des entretiens conseil et leur donne la possibilité de clarifier les questions financières grâce à la collaboration de Pro Senectute.
En outre, depuis novembre 2010, les proches soignants peuvent être engagés par l’organisation d’ASAD à de faibles taux d’occupation. Il s’agit de contrats basés sur un salaire horaire et conclus aux mêmes conditions que celles appliquées à tous les autres collaborateurs et collaboratrices de l’ASAD, soit la couverture des prestations sociales et la possibilité de suivre des formations continues. Les proches soignants sont aussi intégrés dans le processus d’assurance qualité. Ils reçoivent par exemple un accompagnement dans la pratique et prennent part aux séances spécialisées. Les conditions posées à un tel engagement sont de pouvoir justifier d’une formation dans le domaine des soins, au minimum le cours de la Croix-Rouge pour les auxiliaires de santé, et de ne pas être âgé-e de plus de 64 ans. L’engagement suit la procédure habituelle : les intéressé-e-s déposent un dossier de candidature et sont invité-e-s à un entretien.
« Jusqu’ici, nous avons engagé deux femmes. Nous sommes en train d’examiner quelques autres demandes » dit Brigitte Hadorn, responsable du projet « Hand in Hand ». L’une des deux femmes engagées s’appelle Lisa Bühler. Agée de 60 ans, elle soigne depuis un an et demi sa belle-mère atteinte de démence. L’année dernière, cette infirmière de profession a demandé à la caisse-maladie si elle pouvait facturer ces soins ; ce à quoi il lui a été répondu qu’elle devait pour cela se faire enregistrer comme indépendante. Cette démarche était trop compliquée pour Lisa Bühler. Elle a pris contact avec la directrice de SPITEX RegionKöniz et lui a proposé d’engager des proches soignants. L’idée a rencontré un écho favorable et a sur le champ été concrétisée.
Pour Lisa Bühler, ce contrat présente bien des avantages : « En tant qu’employée d’une institution publique, j’ai un accès facilité au savoir et au matériel, je peux suivre des cours de perfectionnement et je garde un pied dans la profession. » L’engagement des proches soignants est aussi une opération gagnante pour l’organisation d’ASAD. Ces personnes amènent d’une part elles-mêmes le travail et contribuent d’autre part à grossir le volume d’heures de soins. En outre, l’absence de coûts liés au temps de déplacement apporte un léger avantage financier. Toutefois, l’intérêt principal est que les « soins d’assistance » servent une bonne cause que les organisations d’ASAD peuvent soutenir avec conviction. « Cette démarche revêt une valeur idéologique ».
Le sort que connaîtront les contrats lorsque les proches n’auront plus besoin de soins n’est pour l’instant pas encore fixé. « Cette question doit être clarifiée en temps voulu de manière individuelle » déclare Brigitte Hadorn. Elle peut néanmoins s’imaginer utiliser les services des personnes prodiguant des soins d’assistance auprès d’autres clients qui nécessitent un encadrement en permanence.
Cet encadrement permanent est également l’aspect le plus réjouissant du travail de Lisa Bühler : « auparavant, à l‘hôpital ou dans le home, je ne pouvais jamais dispenser des soins aussi clairement en fonction de la personne traitée comme je peux le faire maintenant. Cela est possible parce que je connais l’environnement de ma belle-mère. Cela stimule mon imagination ». Les soins dispensés par une seule personne de référence comme dans un livre, on y est, enfin presque : comme les proches soignants ne peuvent compter au maximum que cinq jours de travail par semaine, ces personnes sont remplacées deux jours par d’autres collaboratrices ou collaborateurs de l‘ASAD. Cette restriction représente toutefois une décharge pour les proches soignants tout en amenant une contribution à l’assurance qualité.
Une question reste non résolue, celle de savoir quelles conséquences un contrat d’engagement a sur la relation entre les proches. L’organisation d’ASAD de Köniz n’a par exemple pas encore fait d’expérience avec des couples, probablement aussi parce que ceux-ci ont la plupart du temps dépassé les 64 ans lorsqu’un des partenaires réclame des soins réguliers. Lisa Bühler pour sa part n’y voit pas d’effets négatifs sur sa relation avec sa belle-mère. Au contraire : « Le fait que je sois rémunérée pour ces soins accroît mon sentiment de responsabilité ; par ailleurs, je reste plus calme dans les situations critiques ».
L’engagement de proches soignants est donc pour toutes les parties une opération gagnante. Pour l’organisation d’ASAD, pour les proches soignants et pour les clients. « Et », ajoute Lisa Bühler, « surtout pour l’Etat qui pose le principe selon lequel chacune et chacun a droit à un encadrement de bonne qualité. »
Informations complémentaires concernant le projet « Hand in Hand » : www.spitex-regionkoeniz.ch